Elles sont nombreuses à mettre leurs talents au service de l’industrie. Nathalie Vaxelaire, Présidente Trane SAS, fait partie de cette communauté d’industrielles engagées. Entretien.
Vous avez rejoint l’entreprise vosgienne Trane en 1994. Que diriez-vous aux jeunes filles, aux femmes qui n’ont pas toujours le réflexe "Industrie" ?
L’industrie est pour moi un monde passionnant où des hommes et des femmes contribuent ensemble à des activités diverses, qui peuvent aller de la conception de nouveaux produits ou de procédés de fabrication à la supply chain, à la vente, au service après-vente, aux services support… C’est une fourmilière dans laquelle chaque employé contribue à un but : servir le client.
Cette communauté est animée par des valeurs communes qui font penser parfois à une grande famille comme l’intégrité, le respect, l’innovation, le courage, le travail d’équipe, et la conviction qu’ensemble on peut changer bien des choses et faire d’énormes progrès.
C’est vraiment ce que j’apprécie et ce qui fait qu’aujourd’hui j’y suis toujours et que j’encourage les jeunes filles et les femmes à s’intéresser à l’industrie. Elles apportent une plus-value à l’entreprise, au travers d’idées ou de points de vue différents. Se priver de femmes, c’est se priver d’opportunités.
Etes-vous un chef d’entreprise « comme un autre » ?
Etre une femme à la tête d’une entreprise peut parfois être plus complexe. La moindre erreur peut porter à plus de conséquences. Les femmes me semblent aussi être plus exigeantes envers elles-mêmes. Il faut savoir faire sa place, se rendre crédible au travers de prises de position affirmées. L’environnement peut ne pas être aussi facilitateur que celui d’un chef d’entreprise : j’ai remarqué que certaines personnes viennent spontanément moins vers une femme que vers un homme.
Ceci étant les femmes possèdent aussi des sensibilités différentes qui peuvent être un atout. Leur sens du relationnel peut faciliter les échanges et apporter un équilibre dans les discussions. Dans le groupe Ingersoll Rand dans lequel j’évolue, la notion de respect est bien en place et ça m’a aidé à gravir les différents échelons.
Je considère qu’une femme d’entreprise est avant tout un chef d’entreprise comme un autre. A la fin, on doit faire face aux mêmes objectifs, aux mêmes impératifs et aux mêmes contraintes.
Quand il y a une inflation du cuivre ou une pénurie de main d’œuvre, ce sont les mêmes obstacles que nous devons affronter : c’est ce qui ne nous rend pas si différents.
En tant que femme chef d’entreprise, traite-t-on plus facilement des questions d’égalité femme-homme au sein de sa société ?
Etre une femme dans l’entreprise me rend peut-être en effet plus sensible à des sujets tels que l’égalité homme/femme ou la féminisation du secteur, sujet traité avec beaucoup d’attention par le groupe Ingersoll Rand. J’ai en tête ces usines qui pendant la Seconde guerre mondiale, fonctionnaient uniquement avec du personnel féminin. Aujourd’hui on est très loin de cette image.
Quand on parle d’industries dans les médias, c’est souvent pour relayer des informations négatives. Il faut rappeler que l’aéronautique, la mécanique ou encore la filière automobile sont des secteurs dynamiques et innovants qui offrent vraiment de belles opportunités de carrière pour les femmes ! Ouvrir les portes de nos entreprises contribue à changer ces préjugés.
« La question de l’équilibre vie professionnelle/vie privée doit être prise en compte parce que les contraintes des femmes ne sont certainement pas toujours les mêmes que celles des hommes. Ça change mais nous ne sommes pas encore à l’équilibre parfait. Nous devons travailler à des outils qui permettent de faciliter la vie des femmes et qui leur permettent d’évoluer professionnellement comme un homme. »