La croissance économique mondiale a décéléré en 2019. Pour autant, le basculement potentiel vers une récession n’a pas eu lieu et ne semble guère se profiler à horizon de quelques trimestres
Le volume du PIB mondial aura probablement progressé de 2,9 % en 2019, après une moyenne de 3,6 % l’an lors de chacun des deux exercices précédents. Les mesures de politique commerciale appliquées par les États-Unis et la Chine ont sensiblement pénalisé la croissance mondiale (entre 0,3 à 0,4 point). Le choc sur les échanges n’est en effet pas uniquement de nature bilatérale mais se diffuse un peu partout : en Asie, en Europe et aux États-Unis , l’incertitude économique, annoncée dans de récentes enquêtes comme la première préoccupation des entreprises devant les pénuries de main d’œuvre et les politiques publiques, a clairement dissuadé ces dernières de procéder à certains investissements. L’industrie souffre par nature le plus de la modération du commerce international, mouvement qui s’est de surcroît accompagné d’un retournement de la demande dans certains secteurs (automobile, et, semi-conducteurs fin 2018-début 2019).
En dépit de ce contexte, plusieurs facteurs puissants ont permis de maintenir la croissance mondiale à flot. La faiblesse des taux d’intérêt a à la fois dopé les marchés immobiliers et les dépenses publiques, et, la relative inertie des cours du pétrole a favorisé le pouvoir d’achat des agents dans les pays importateurs nets d’or noir.
En Chine, le moindre soutien des exportations et de la demande intérieure (- 2 points en un an pour cette dernière) a ramené l’expansion à proximité de 6 % cette année, contre 7 % précédemment. Le ralentissement de l’économie est donc clairement amorcé mais limité par l’action du gouvernement, qui a mis en œuvre des allègements fiscaux à destination des ménages et des entreprises, dont le montant a représenté l’équivalent de 2,5 % du PIB en 2019. De surcroît, les investissements dans les infrastructures repartent à la hausse, mouvement qui soutiendra la croissance économique à l’horizon des deux-trois prochaines années (réseau routier et ferroviaire, énergie, 5G).
Après un cycle anormalement long, certains observateurs craignaient un retournement de l’activité outre-Atlantique. Celui-ci n’a pas eu lieu, d’abord parce que le plan de relance fiscal voté fin 2017 a stimulé les dépenses de consommation des ménages qui bénéficient par ailleurs d’une amélioration continue du marché du travail et, plus récemment, parce que la Réserve fédérale a abaissé ses taux directeurs à plusieurs reprises. Finalement, le PIB américain aura sans doute grimpé de 2,3 % en 2019, c’est-à-dire quasiment le double du rythme enregistré par la zone euro (+ 1,2 %), affectée par les piètres résultats de l’Italie (+ 0,2 %) et l’Allemagne (+ 0,6 %).
Le résultat d’ensemble se reproduirait en 2020 puis en 2021 : + 3 % à l’échelle mondiale selon l’OCDE. Celle-ci retient l’hypothèse d’un maintien du rythme de l’expansion en Asie, notamment en Inde (plus de 6 %) et en Indonésie (5 %), la Chine affichant + 5,5 % à l’horizon de la prévision. Les États-Unis garderaient le cap des 2 % et le Royaume-Uni, où le Brexit interviendrait fin janvier prochain, préserverait sa croissance. Pour la France, où la consommation devrait quelque peu monter en puissance, le PIB poursuivrait également sur sa lancée, augmentant de 1,2 % chacun des deux prochains exercices.