Joël Abati : « Il y a très peu de différences entre un athlète olympique et un compétiteur WorldSkills » 

De sa carrière de handballeur, Joël Abati a gardé des trophées et la culture de la gagne. C’est désormais au sein de l’Equipe de France des métiers WorldSkills, en tant que préparateur physique et mental, que le champion olympique (2008) et champion du monde (2009), met au profit son expérience. Un nouveau rôle de "révélateur de potentiel » au service d’une ambition intacte : la gagne  !

Comment a débuté votre aventure avec WorldSkills  ?

Avant d’intégrer le staff de l’Equipe de France des métiers, j’ai coaché l’équipe d’Ile-de-France. J’y ai découvert des jeunes passionnés qui ont l’amour de leur métier et qui sont constamment à la recherche de l’excellence. Ils me rappellent ces jeunes des centres de formation. Comme moi, ils sont guidés par leur passion et prêts à tout pour atteindre leurs objectifs.  

J’y ai aussi découvert des métiers aussi passionnants qu’essentiels notamment ceux de l’industrie comme le fraisage, la mécatronique ou encore la production industrielle…  

« Un champion, c’est celui qui se prépare pour l’être »

Quelles similitudes y a-t-il entre un athlète préparant les Jeux Olympiques, comme vous l’avez été, et un compétiteur WorldSkills ?

Un champion, c’est celui qui se prépare pour l’être. Cela vaut pour tout.  A partir de là, il y a très peu de différences. Tous suivent une préparation physique, mentale, technique mais aussi tactique. Là où les joueurs de handball par exemple, doivent connaître les schémas tactiques mis en place, les compétiteurs WorldSkills doivent savoir où maximiser leur effort en fonction des critères de notation, de leur force et de leur faiblesse.  

De plus, aux Jeux Olympiques ou aux WorldSkills, chaque compétiteur fait partie d’un collectif : celui de l’Equipe de France. La force du collectif conduit à nous dépasser. C’est le sens des rassemblements que nous effectuons. Ce n’est pas un hasard si le premier a eu lieu à l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance). 

« La force de l’institution décuple notre énergie, c’est pour cela que je souhaite que les compétiteurs s’identifient à cette industrie forte, précieuse et soutenue. »

Avez-vous quelques exemples d’activités sur lesquelles s’appuie la préparation ?

Compétiteurs comme experts métiers doivent être en pleine possession de leurs moyens le jour J. Pour cela, nous travaillons sur l’hygiène de vie, le sommeil, la nutrition… La mise en place de réveils musculaires à 6h30 est un rituel qui permet à tous de se retrouver. Nous avons également proposé des courses d’orientation en binôme, combinant ainsi physique, tactique et cohésion. Les jeunes doivent se demander « Pourquoi chercher cette balise plutôt qu’une autre ? Qui décide ? Comment ? » le tout dans un temps limité. 

L’ensemble de la préparation vise à les rendre autonomes dans la gestion de leurs émotions et de leur hygiène de vie.  

Comment gérer la tension et les émotions durant cette préparation longue de plusieurs mois ?

Les experts métier et les compétiteurs passent par toutes les émotions qui peuvent être dues à la préparation ou à des aléas personnels. Un suivi régulier et personnalisé est essentiel.  

Tout au long de la préparation, j’insiste beaucoup sur la formalisation d’objectifs SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste dans le Temps). Ma devise : un objectif flou conduit irrémédiablement à une bêtise précise. A contrario, atteindre son objectif développe de la dopamine et de la sérotonine, les fameuses hormones du bonheur.

« En plein restaurant, chaque compétiteur est monté sur une chaise pour défendre son métier »

En plus de ces éléments, quel travail spécifique menez-vous avec les compétiteurs du Pôle Industrie ?

Je leur ai organisé un quizz sur les enjeux de l’industrie en France et son environnement institutionnel. Je voulais qu’ils sachent combien l’industrie est précieuse pour notre pays et qu’ils connaissent la force et les institutions qu’ils représentent. La force de l’institution décuple notre énergie. Je souhaite qu’ils s’identifient à cette industrie forte, précieuse et soutenue.  

J’ai aussi organisé une « battle des métiers » dans un restaurant ouvert au public. En plein repas, chaque compétiteur est monté sur une chaise pour défendre son métier. C’est un exercice qui a de nombreuses vertus : créer du lien et améliorer la connaissance des différents métiers de l’industrie, exprimer la fierté d’exercer tel ou tel métier et s’exercer à la prise de parole en public. Il y a eu beaucoup de réactions même de la part des clients de l’établissement  !  

On parle souvent des valeurs de l’olympisme, quelles sont celles de l’Équipe de France des métiers ?

La combativité, la détermination et l’excellence. Ce sont les 3 valeurs principales que nous leur transmettons collectivement à travers le blason de l’Equipe de France des métiers. Elles posent les bases de leur future réussite professionnelle. 

D’ailleurs, j’incite tous les dirigeants d’entreprise à venir assister à la compétition. Ils auront en face d’eux les meilleurs collaborateurs du monde ! Des jeunes qui pourront faire grandir leur entreprise et faire progresser un collectif.

Quel message adressez-vous aux jeunes qui se lanceraient dans un métier industriel ?

Je dirais à ces futurs chaudronniers, fraiseurs, techniciens de maintenance…  qu’ils sont la France de demain. Qu’ils peuvent être fiers d’eux autant que nous pouvons l’être, car ils représentent une France compétitive, qui réussit et qui gagne. 

La préparation physique et mentale de l’équipe de France des WorldSkills

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