À l’image de l’ensemble des secteurs d’activité, l’agriculture entame – elle aussi – son processus de décarbonation. Une ambition forte alors que la quasi-totalité du parc de machines agricoles roule aux combustibles fossiles. Un bouleversement majeur pour les agriculteurs et un défi pour les industriels. Panorama des alternatives envisagées et des compétences nécessaires pour les développer.
Sur le papier, le fioul de synthèse constitue une solide alternative aux moteurs fonctionnant aux énergies fossiles. Il est fabriqué à partir de matières premières organiques carbonées mélangées à de l’hydrogène. Pour Simon Loquais, directeur produit chez Claas, « L’enjeu est d’industrialiser cette production - pour l’instant de niche- afin de couvrir des besoins gigantesques en peu de temps. » Pour lui comme pour tous les fabricants d’engins agricoles, cela implique aussi d’adapter leurs moteurs ainsi que les cuves nécessaires pour stocker ce nouveau combustible.
Illustration du CEMOS, un assistant qui permet d’optimiser le tracteur afin de diminuer sa consommation
De même que le fioul de synthèse, l’hydrogène pourrait être une possibilité d’avenir pour les machines agricoles. Avec un impératif : assurer une chaîne d’approvisionnement stable du lieu de fabrication à l’exploitation agricole. « L’hydrogène nécessite d’importantes installations et des investissements seulement imaginables par de très grandes exploitations agricoles. » explique Simon Loquais.
Combinant une production décarbonée, grâce notamment au nucléaire, et des facilités d’approvisionnement, l’électrification semble constituer « la plus facile des alternatives » selon le directeur produit. « Les tracteurs équipés de 100 à 150 chevaux électrifiés se développent. », précise-t-il. Pour le process industriel, les fabricants comme Claas peuvent s’appuyer sur l’industrie automobile même si une voiture ne se conduit pas de la même façon qu’un engin agricole. « Cela entraîne des conséquences particulièrement sur la récupération de l’énergie. Alors que les automobiles peuvent en récupérer au freinage, il sera très difficile de faire de même avec les engins agricoles où les agriculteurs sont plus pieds au plancher que sur le frein. » Moins de récupération, c’est donc moins d’autonomie.
Pour relever ces défis l’entreprise est en recherche active de compétences. Les besoins en recrutement concernent l’ensemble des métiers de Claas. « Cela couvre les métiers de l’ingénierie des systèmes électroniques, ceux de la production qui ont l’objectif d’intégrer ces innovations sur les chaînes d’assemblage, et également ceux de plus en plus stratégiques de l’approvisionnement. »
Plus qu’une question d’autonomisation ou de décarbonation, la révolution agricole est avant tout une question de compétences humaines et industrielles.
Focus : L'innovation industrielle pour nourrir le monde. Émergence des nouvelles technologies, mécanique de haute technicité, lutte contre le changement climatique, souveraineté alimentaire… l’agriculture est au carrefour de multiples enjeux économiques, sociétaux et environnementaux. Cette série d’articles « l’innovation industrielle agricole », a pour objectif de montrer – à travers l’expertise de l’entreprise CLAAS – comment l’industrie et ses métiers participent à ces évolutions qui influencent nos vies.