Du fleuret au fleuron. C’est le parcours atypique de Didier Contrepois. Dirigeant de filiales de grands groupes industriels, le Dijonnais s’est ensuite lancé dans 2 défis entrepreneuriaux. Le dernier en date : la reprise en 2014, d’une marque iconique de l’escrime. Discipline dans laquelle il est devenu récemment champion du monde sous les couleurs de l’équipe de France vétéran.
Comment avez-vous redressé la situation de Prieur Sports, que vous avez reprise il y a 10 ans ?
Lorsque j’ai repris Prieur Sports, l’entreprise ne réalisait plus qu’un chiffre d’affaires annuel de 300 000 € et employait 10 salariés. Pendant 5 ou 6 ans, l’ancien dirigeant injectait de l’argent personnel pour maintenir l’entreprise à flot. Se lancer dans un tel projet demandait une dose de folie et de passion. Cependant, Prieur Sports est le plus ancien fabricant mondial de matériel d’escrime sportive. Bien que la marque ait traversé des difficultés économiques, elle n’a jamais compromis la qualité de ses produits et a su préserver une notoriété mondiale remarquable.
Historiquement, l’entreprise optait pour l’internalisation de tous les processus industriels. Nous avons décidé de ne conserver en interne que la fabrication des masques, reconnus comme les meilleurs au monde. Le reste a été sous-traité à des entreprises locales, soigneusement identifiées au cours de ma carrière et de mes engagements à l’UIMM et à la Chambre de Commerce.
Grâce à un travail acharné et une gestion rigoureuse, nous réalisons désormais un chiffre d’affaires de 3 millions d’€ tout en stabilisant le nombre d’employés. Désormais, de nombreuses perspectives de croissance s’offrent à nous, malgré une concurrence internationale accrue.
Comment justifiez-vous votre stratégie de sous-traitance industrielle, qui constitue le cœur de votre modèle économique ?
J’ai toujours plaidé en faveur d’un modèle de sous-traitance industrielle vertueux. C’était le cas lorsque je dirigeais l’entreprise STI Genlis, en tant que sous-traitant pour l’industrie, et c’est également le cas en tant que « donneur d’ordre » chez Prieur Sports. 85% de nos produits sont entièrement fabriqués en France, privilégiant au maximum les circuits locaux. Cette approche engendre des coûts supplémentaires, mais c’est une valeur à laquelle je tiens énormément.
Cette démarche permet de préserver un tissu industriel ainsi que des savoir-faire ancrés dans nos territoires, contribuant ainsi à redonner toute sa place à l’industrie.
Justement, à travers votre parcours et vos engagements en faveur de l’industrie, quel est votre regard sur la réindustrialisation du pays ?
Nous constatons la volonté politique, voire sociétale, de réindustrialiser la France. Lors de mes discussions avec des personnes parfois éloignées du secteur industriel, je remarque qu’elles reconnaissent l’importance de générer de la richesse en France, un processus qui passe inévitablement par le renforcement de l’industrie.
Cependant, la principale problématique réside dans la redécouverte des savoir-faire et dans l’impératif d’accroître la formation au sein de nos filières. Cela permettra de reconstituer un tissu de sous-traitants industriels de qualité, favorisant ainsi l’émergence de projets industriels d’envergure.
Quelques mots sur votre passion pour l’escrime et votre lien avec Prieur Sports ?
Cela fait près de 60 ans que je suis passionné d’escrime et que je tire. C’est une émotion incroyable de devenir champion du monde d’autant plus après une finale d’anthologie remportée à une touche près contre nos amis italiens. C’est aussi incroyable d’avoir dirigé une entreprise et de se dire que tous les grands champions de cette discipline ont un jour porté ses produits.
Nous nourrissons l’ambition de contribuer au succès de nos athlètes et de marquer de nouveau l’histoire de l’escrime aux Jeux Olympiques à commencer par les jeux de 2024.
Didier Contrepois (en haut à droite) avec les vétérans de l'équipe de France d'escrime championne du monde.