Résilience de la croissance mondiale en 2018

L’année 2018 s’est achevée sur une expansion du PIB mondial de 3,7 % en moyenne annuelle, c’est-à-dire quasiment comme en 2017. Pourtant, de nombreux vents contraires sont apparus, notamment le renforcement des tensions commerciales, la remontée des cours pétroliers jusqu’en octobre et la fragilisation de plusieurs économies émergentes dont le taux de change vis-à-vis du dollar s’est sensiblement déprécié.

L’exception américaine

La croissance économique a flirté avec la barre des 3 % l’an dernier aux Etats-Unis. Cette performance doit notamment à la réforme fiscale votée fin 2017, consistant en une réduction des prélèvements pesant à la fois sur les entreprises (baisse de 35 à 21 % du taux d’impôt sur les bénéfices, suppression de la taxe sur les profits réalisés à l’étranger, incitation au rapatriement des profits réalisés hors du territoire, etc.) et les ménages (diminution de l’impôt sur le revenu, augmentation du montant des déductions, etc.). En conséquence, selon l’OCDE, les investissements des entreprises ont accéléré à un rythme de l’ordre de 7 % et la consommation des ménages a grimpé de 2,7 % au prix d’un moindre effort d’épargne. Dans ce contexte, le taux de chômage est repassé sous la barre des 4 % de la population active en regard d’un pic de 10 % après l’éclatement de la crise financière de 2008, et, le nombre de démissions de salariés a atteint un maximum durant l’été.

Les déséquilibres qui avaient pu conduire aux récessions dans le passé ne semblent pas réunis aujourd’hui. Néanmoins, le déficit commercial n’a jamais été aussi élevé et les comptes publics se sont fortement dégradés, conséquence directe des moindres recettes d’impôts : sur les neuf premiers mois de 2018, le déficit des administrations est en effet estimé à 6,5 % du PIB, niveau le plus élevé depuis le début 2013.

Mesures de relance en Chine

Si l’activité s’est montrée plus dynamique en 2018 qu’en 2017 outre-Atlantique, ce n’est pas le cas ailleurs. Au-delà de la montée préoccupante de l’endettement des agents privés, l’économie chinoise montre des signes d’essoufflement. Après un bond de 16 % l’an en moyenne lors de la décennie passée, les ventes de véhicules automobiles particuliers se sont contractées en 2018, et, les expéditions de marchandises à l’étranger sont à peu près stabilisées à l’image de celles réalisées vers les autres pays asiatiques. Les autorités mettent place des mesures de soutien (réduction d’impôts, baisse des réserves obligatoires des banques), qui pourront être complétées au besoin du fait des marges de manœuvre budgétaires dont elles disposent.

 

Dégradation du climat des affaires en fin d’année en Europe

Les dernières enquêtes de conjoncture ont marqué un affaissement de la confiance des agents économiques en zone euro. Celle menée par l’institut Markit auprès d’environ 5 000 directeurs d’achat montre en effet que l’indice général du climat des affaires dans l’industrie et les services a touché un plus bas depuis quatre ans en décembre 2018. Au-delà de la récession temporaire enregistrée en Allemagne (où les chaînes de production du secteur automobile ont été particulièrement affectées par le changement de la norme anti-pollution intervenue au 1er septembre), la croissance décélère partout. Elle vient en effet buter sur des contraintes d’offre, notamment en France où les difficultés de recrutement sont particulièrement prégnantes.

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