L’année 2017 avait été marquée par une amélioration sensible de la situation sur le marché du travail en France. L’emploi total avait progressé de 342 000, dont 335 000 créations de postes dans le secteur marchand non agricole.
Les effectifs avaient augmenté dans l’industrie pour la première fois depuis plus de quinze ans et s’étaient montrés dynamiques dans la construction. Enfin, le tertiaire avait comptabilisé 300 000 nouveaux postes, dont 125 000 intérimaires. Par conséquent, le taux de chômage en France (y compris DOM) était revenu à 8,9 % de la population active à la fin de l’exercice, contre 10 % fin 2016. Après cette embellie, les statistiques disponibles pour 2018 confirment ce qui était attendu : un ralentissement des créations de postes et une interruption du reflux du chômage.
Alors que l’emploi dans le secteur privé avait grimpé de plus de 82 000 par trimestre en 2017, le rythme a sensiblement ralenti depuis le début 2018 : + 32 000 en moyenne lors de chacun des trois premiers trimestres. Dans l’industrie, une légère érosion des effectifs fait suite à un timide redressement, de sorte que le nombre de salariés se situe à un niveau équivalent à celui d’il y a deux ans. La situation dans la construction reste favorable, puisque près de 5 500 nouveaux postes sont comptabilisés chaque trimestre en regard de 7 000 en 2017. Dans le tertiaire hors intérim le freinage est plus sensible, avec une moyenne trimestrielle d’environ 29 000 créations d’emplois contre 43 000 l’année précédente. La principale raison de la perte de dynamisme du marché du travail tient à l’évolution de l’intérim. Celui-ci s’est en effet infléchi à la baisse à partir du printemps, après plus de quatre ans de croissance quasiment ininterrompue. Au final, après avoir dépassé 810 000 à la fin 2017, le nombre de travailleurs temporaires est revenu sous la barre des 800 000 durant l’été. Sur l’ensemble de l’exercice 2018, l’intérim contribuerait ainsi à peine à l’évolution de l’emploi. Dans ses prévisions d’octobre, l’Insee anticipait une augmentation de l’ensemble des effectifs salariés de 136 000.
Dans ces conditions, le nombre de chômeurs peine à reculer, d’autant plus que la population active est repartie à la hausse après une stabilisation l’an passé (+ 169 000 anticipé par l’Insee, contre + 2 000 en 2017). Le taux d’activité des personnes âgés de 15 à 64 ans atteint 72,3 % à l’été 2018 (+ 0,4 point sur un an), proportion la plus élevée depuis 1975 au moins. Cette hausse est particulièrement sensible chez les 55 ans et plus (+ 1,4 point sur un an) en raison notamment du décalage de l’âge de départ à la retraite, mais apparaît également marquée chez les moins de 25 ans (+ 1,1 point). Le taux d’emploi poursuit lui aussi son ascension, approchant 66 % pour les 15-64 ans (+ 0,8 point), au plus haut depuis la fin des années soixante-dix. Le mouvement reste cependant insuffisant, puisque le taux de chômage fluctue autour de 9 % de la population active en France en moyenne depuis la fin 2017. La persistance d’un ratio aussi élevé contraste avec d’autres indicateurs, notamment celui des difficultés rencontrées par les entreprises pour recruter : celles-ci ne cessent de se renforcer, en particulier dans l’industrie.