Les exportations depuis la Chine ont décliné ces derniers mois, en liaison avec la moindre demande en provenance des Etats-Unis qui ont durci leur politique commerciale courant 2018. La consommation fait néanmoins preuve de résistance grâce à plusieurs forces de rappel dont un desserrement de la politique budgétaire.
En 2018, la production d’automobiles a diminué pour la première fois depuis vingt ans en Chine, principalement sous l’effet du repli intervenu pour les véhicules particuliers (- 1 million en un an). Ce mouvement a coïncidé avec la diminution des immatriculations, elle-même liée au recul de la bourse de Shanghai et à la fermeture de plateformes de prêts entre particuliers par le gouvernement. D’autres secteurs comme l’acier ont au contraire vu leur activité se raffermir l’an passé, de sorte que, au total, l’activité industrielle ne rompt point. En février 2019, le glissement annuel de cette dernière est ressorti à 5,4 %, en regard d’un rythme peu éloigné de 7 % lors des premiers mois de 2018. Dans le même temps, les investissements en capital fixe comptabilisés dans le secteur privé marquent un peu le pas, affichant un glissement annuel de 7,5 % en yuans en janvier-février 2019 contre 8,7 % en moyenne au second semestre de l’exercice passé.
Les exportations de biens depuis la Chine ont plafonné autour de 210 milliards de dollars par mois l’an passé, avant de revenir vers les 200 milliards au début 2019. Cette inflexion doit être reliée au soudain repli des ventes vers toutes les grandes zones, notamment aux Etats-Unis qui a procédé à plusieurs hausses de droits de douane sur les produits chinois à l’été 2018. L’excédent du géant asiatique avec son partenaire américain reste pléthorique, à 27 milliards en février dernier.
Pourtant, le surplus de la balance courante chinoise se réduit. Dit autrement, celui enregistré pour les échanges de biens avec le reste du monde compense de moins en moins le déficit enregistré pour les autres postes (services et revenus d’investissement), de sorte que, au total, l’excédent courant ne représentait plus que 0,4 % du PIB en 2018 contre 2,8 % en 2015 ; l’OCDE envisage que ce ratio se maintiendrait à ce niveau cette année, alors que l’institut Rexecode anticipe qu’il deviendra négatif pour la première fois. Ce rééquilibrage du solde courant va de pair avec l’évolution du modèle de croissance chinois sans remettre en cause la capacité de financement externe du pays, compte tenu du niveau élevé des réserves de change (3 200 milliards de dollars environ actuellement).
La diminution des immatriculations automobiles l’an passé en Chine (- 4,4 %) ainsi que des ventes de smartphones (- 3 % selon Gartner) masque les performances des autres postes de dépense. La consommation contribue à hauteur de plus de la moitié à la croissance économique, notamment grâce à la progression des salaires nominaux- certes moins rapide que par le passé (+ 8 % en 2018 dans les villes urbaines contre une moyenne de + 11,5 % l’an lors de la décennie précédente)- et à la poursuite de la montée de l’endettement. Elle devrait le rester ces prochains trimestres au moins, en dépit de la remontée de l’épargne détenue par les Chinois. En effet, les autorités ont récemment acté un nouveau plan de relance consistant en une réduction de la fiscalité pour les ménages et les entreprises, pour un montant équivalent à plus 2 % du PIB.