La mauvaise passe que traverse notre premier partenaire commercial semble circonscrite au secteur industriel. Elle s’explique par la chute d’activité du secteur automobile et par le freinage des échanges mondiaux. Pour autant, dans d’autres domaines, l’économie allemande enregistre encore des résultats que lui envient la plupart des pays d’Europe.
Les résultats de l’enquête PMI menée en septembre puis en octobre 2019 auprès des directeurs d’achat ont une nouvelle fois mis en lumière les difficultés du secteur industriel allemand. L’indice général, calculé à partir des soldes de réponses sur l’activité, les commandes et les délais de livraison, a même rejoint un plus bas de dix ans. En fait, la dégradation est intervenue dès la fin de l’été 2018, lors de la mise en place d’une nouvelle norme européenne anti-pollution ayant affecté les lignes de production de plusieurs constructeurs automobiles, mais aussi en raison de la faiblesse du niveau du Rhin qui a pénalisé le trafic fluvial et donc les chaînes logistiques de plusieurs industries. Elle s’est poursuivie ces derniers mois, comme en témoigne la chute de la valeur ajoutée dégagée par le secteur manufacturier : - 4 % en glissement annuel au deuxième trimestre 2019 en regard de - 1 % en Italie et d’une stabilisation en France. Le secteur automobile, ne connaît pas de rebond technique, bien au contraire. Plus globalement, l’Allemagne est le premier à souffrir de l’interruption de la hausse du commerce mondial, tant son marché est ouvert à l’international : les exportations y représentent 47 % du PIB, contre un peu plus de 30 % dans les trois autres principales économies de l’Union européenne.
Pour le moment, le retournement conjoncturel ne semble pas se diffuser au secteur des services, même si le climat des affaires y a récemment reflué.
Au total, le PIB allemand progresserait de 0,6 % en 2019 selon l’institut Rexecode, après une moyenne de + 1,9 % l’an lors des cinq exercices précédents. Une hausse du même ordre est attendue pour 2020 (+ 0,8 %) en dépit d’un freinage des investissements qui pourrait même prendre la forme d’un recul pour ceux dédiés aux biens d’équipement.
Sur le marché du travail, les performances obtenues depuis le milieu de la décennie passée sont particulièrement remarquables. Après la mise en œuvre des réformes Hartz, les effectifs ont en effet amorcé une hausse continue : + 5,3 millions en l’espace de treize ans. Malgré la dégradation de la conjoncture ces derniers trimestres, le mouvement s’est prolongé, y compris dans l’industrie où le glissement annuel de l’emploi s’est affiché à + 1 % au deuxième trimestre 2019. A 3,1 % de la population active aux mois d’août et septembre derniers selon Eurostat, le taux de chômage allemand, qui vient de toucher un nouveau point bas historique, apparaît comme le plus faible de la zone euro devant celui des Pays-Bas (3,5 %). C’est aussi ces deux économies qui, avec la Belgique, affichent le taux d’emplois vacants le plus élevé de l’Union monétaire.
La maîtrise des comptes publics constitue un autre point fort de l’économie allemande. Encore déficitaire de plus de 4 % du PIB en 2010, le solde des administrations est revenu en territoire positif en 2014, excédent qui s’est renforcé depuis pour atteindre 1,9 % l’an dernier. Le poids des dépenses est en effet stabilisé (entre 44 et 45 % du PIB), alors que celui des recettes, stimulé par la progression de l’emploi et donc des cotisations sociales, a grimpé d’1,4 point en trois ans. La dette s’est réduite de 116 milliards d’euros sur la même période, de sorte qu’elle ne représentait plus que 62 % de la richesse nationale en 2018, résultat sans commune mesure avec ceux affichés ailleurs, notamment en France (plus de 98 %) ou en Italie (135 %).