4 questions à Nathalie Collignon directrice de l’innovation chez Orano Group

De sa première expérience chez Pall Corporation, elle a appris l’importance de l’empathie et de l’écoute. De sa deuxième, au sein de l’Agence de l’Innovation Industrielle, celle de la collaboration. Des compétences qui ont façonné le parcours de Nathalie Collignon. La lauréate du prix « Femme de l’innovation » de l’Usine Nouvelle nous explique son cheminement qui l’amène aujourd’hui à diriger le département innovation d’Orano, l’un des plus grands fleurons nucléaires mondial.

Comment votre vocation pour l’industrie s’est-elle manifestée ?

Le point de départ de ma vocation dans l’industrie vient de mon ancrage à la terre. J’ai toujours aimé l’idée de pouvoir, à partir d’une matière brute naturelle, créer une matière avec davantage de valeur. Ce processus de transformation est au cœur de la chimie, domaine qui me passionne depuis mon enfance, et aussi de l’industrie, surtout dans le nucléaire : comment, à partir d’un atome naturel, pouvons-nous créer de l’énergie bas carbone, développer des thérapies médicales et inventer bien d’autres applications ?

 

La question du développement durable est également au cœur de mes centres d’intérêt. Il y a 30 ans, au début de ma carrière, on parlait déjà de réchauffement climatique. Ce sujet m’a toujours passionnée, car l’ambition collective devrait être de bâtir ensemble un futur durable.

 

portrait nathalie collignon

Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Mon parcours m’a permis d’acquérir toutes « les briques » nécessaires à l’innovation. À mes débuts, j’ai appris l’importance de développer l’empathie et l’écoute pour bâtir des relations de confiance durables et faire ainsi comprendre à mes clients qu’ils pouvaient compter sur moi pour répondre à leurs problématiques et trouver les solutions dont ils avaient besoin. J’ai ainsi été amenée à travailler dans plusieurs pays pour coordonner des projets d’installation d’équipements dans des environnements contraignants comme la pétrochimie ou les champs pétrogaziers. J’ai participé à de nombreuses premières industrielles, comme la capture et séquestration de CO₂ en Algérie, par exemple.

 

Mon parcours m’a ensuite mené à l’Agence de l’innovation industrielle (Établissement public à caractère industriel et commercial créé en 2005 puis intégrée en 2008 à Bpifrance). Où j’ai pu mesurer la puissance de la création et de la construction d’écosystèmes industriels et académiques complémentaires pour accélérer l’innovation. Ma mission consistait, en effet, à soutenir la mise en place des partenariats ambitieux qui fédéraient des acteurs variés : grands groupes, startup, PME, organismes de recherche pour favoriser l’émergence de programmes mobilisateurs pour l’innovation industrielle au service du développement de nouvelles opportunités de croissance de grands industriels français.

Forte de ces expériences, j’ai ensuite rejoint Orano (anciennement Areva) pour bâtir la stratégie d’innovation du groupe.

 

Quelles sont les qualités qui font de vous une « innovatrice » ?

J’ai toujours aimé faire bouger les lignes. Dans un environnement aussi complexe et parfois très règlementé que l’industrie lourde, l’erreur n’est pas permise. Pourtant, dans un monde qui évolue vite, l’innovation n’est pas une option et l’audace prend toute sa place. Il faut alors trouver les zones dans lesquelles on peut prendre des risques (toujours maitrisés), parfois se tromper et commettre des erreurs dont on tirera des enseignements. Ces enseignements peuvent même être valorisés et entraîner des répercussions positives sur d’autres projets. Pour diffuser ce droit à l’erreur, qui n’est clairement pas dans nos gènes, nous avons créé dans les « Innovation Awards » qui valorisent et récompensent les innovations du groupe, la catégorie « Best failed ideas ». Elle récompense les meilleures idées qui n’ont pas abouti, celles qui à première vue n’ont pas atteint les objectifs que nous nous sommes fixés et que l’on a su arrêter tôt.

 

La curiosité et l’ouverture au monde sont également essentielles pour moi. L’une de mes fiertés chez Orano est d’avoir impulsé une dynamique où nous collaborons avec des entreprises de tailles (start-up, TPE, PME, grand groupe) et de secteurs d’activité très variés et complémentaires. Nous nous appuyons sur leurs savoir-faire, leurs compétences complémentaires aux nôtres, et faisons appel à l’intelligence collective pour développer plus rapidement de nouvelles solutions différenciantes.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait rejoindre votre équipe ?

J’embauche des « doers ». C’est bien d’avoir des idées, c’est encore mieux de passer à l’action pour les réaliser.  Je m’appuie sur des collaborateurs qui ont envie, comme moi, de faire bouger les lignes en prenant des risques maitrisés. Sur des collaborateurs engagés, enthousiastes, à l’écoute, qui croient, comme moi, à la capacité de l’industrie à se transformer, à se moderniser, à s’intégrer pleinement dans nos territoires, respectant l’environnement.

Enfin, les prochains collaborateurs du groupe, découvriront que le nucléaire est à la fois une énergie pour l’avenir, et une ressource (matières, compétences, technologies) sur laquelle on s’appuie pour développer de nouvelles activités et opportunités de croissance durables, pour faire d’Orano un acteur des transitions industrielles, environnementales, sociales. Le nucléaire est une ressource pour le futur !

Pour aller plus loin